3 étapes pour maîtriser votre supply chain

Les chiffres clés
Une rupture dans la supply chain peut avoir un impact sur votre chiffre d’affaires et votre image. Or les menaces sur celle-ci sont de plus en plus fortes, notamment à cause de la mondialisation des fournisseurs, de l’éloignement des sites de production ou du boom du e-commerce. Il devient difficile d’en garder une pleine maîtrise et les risques sont parfois compliqués à évaluer. Exemple récent de la globalisation des risques : la crise sanitaire de la Covid-19 qui a impacté l'activité de toutes les entreprises françaises, et plus fortement les compagnies aériennes, le secteur automobile, l'hôtellerie, les activités de retail...
Une atteinte à la supply chain est par nature inattendue et soudaine. Mais inattendue ne signifie pas imprévisible.
La direction de l’entreprise doit prendre le temps de lister les risques qui peuvent affecter sa chaîne d’approvisionnement. En général, les directions générale, financière et industrielle se trouvent au cœur de ce chantier.
C’est tout l’enjeu du plan de continuité d’activité (PCA).
De plus, vos assureurs, banquiers, organismes réglementaires… peuvent exiger que vous définissiez un PCA. Leur intérêt : avoir de la visibilité sur les risques auxquels vous êtes exposé et sur les actions que vous avez mises en place pour y faire face.
Première étape : fixer des objectifs à atteindre avec le Plan de continuité d'activité
La norme ISO 22301 porte sur les systèmes de management de la continuité d’activité. Elle permet de cadrer le périmètre et l’objectif à atteindre grâce au PCA. Selon cette norme, la continuité d’activité représente la capacité de l’organisation à poursuivre la fourniture de produits ou la prestation de services à des niveaux acceptables définis en amont, après la survenue d’un incident perturbateur.
La norme internationale ISO 22301 (Sécurité et résilience - Systèmes de management de la continuité d’activité) est consacrée à la mise en œuvre et à la mise à jour de plans aidant les entreprises à assurer la continuité de leur activité.
Cette norme aide l’entreprise à se préparer à un choc sur son activité, à essayer de l'éviter et à mieux réagir pour rebondir plus rapidement, limitant ainsi l’impact sur les personnes, les produits et les résultats financiers. En France, seuls quelques dizaines de sites sont certifiés, tandis que plus de 4 000 entreprises le sont dans le monde.
Il est fréquent que les entreprises sous-estiment les risques ou qu'elles s’imaginent au contraire qu’elles sont dans une situation de risque vital immédiatement après la survenue d’un incident sur leur supply chain. 99% d’entre elles nous affirment qu’elles doivent reprendre le travail sans délai.
Cependant, il est essentiel d’identifier ce qui est réellement indispensable à la survie de votre entreprise : savoir quels sont vos clients et produits stratégiques, mesurer vos besoins minimums après production, les temps d'arrêt maximum supportables…
« Une fois les objectifs du PCA et les risques analysés, quand un chef d’entreprise constate qu'une usine peut s'arrêter un certain temps sans mettre son entreprise en péril, il respire ! Il va ainsi pouvoir plus sereinement trouver des solutions, augmenter sa résilience et assurer sa pérennité dans un contexte dégradé. Cela cadre à la fois l’objectif et le périmètre du PCA » explique Gaston Manouvrier.
Deuxième étape : cartographier les risques
Quand les conditions de survie de votre entreprise sont fixées, les activités prioritaires à préserver sont connues. La recherche des risques s’inscrit alors dans un objectif opérationnel réaliste. Pour vous, il s’agit à présent d’étudier vos circuits d’approvisionnement, de production et de vente. En commençant par en observer le fonctionnement puis lister les risques qui peuvent les impacter, qu’il s’agisse de risques stratégiques (risque fournisseur, risque pays…), de risques opérationnels (risques naturels, sanitaires, environnementaux, risques technologiques ou accidentels), de risques de gouvernance ou de risques de conformité.
Mais tous les risques ne se valent pas. Au moment d’élaborer les scénarios possibles, vous devez les quantifier en termes d’impacts matériels et immatériels. Ils peuvent porter sur la marge brute, sur l’image de marque… Les événements répertoriés seront aussi classifiés en fonction de leur probabilité d’occurrence et de leurs conséquences financières. Cela constitue la cartographie des risques.
« Ce travail d’analyse doit aussi être mené en coopération avec les fournisseurs de l’entreprise. Il permet de connaître la réalité des risques auxquels ils sont eux-mêmes confrontés. L’objectif est d’envisager avec eux des solutions de remédiation », analyse Dominique Le Chevallier.
Autre élément à considérer : la criticité des fournisseurs. Selon votre activité, vous pouvez avoir recours à des fournisseurs plus ou moins experts, plus ou moins nombreux, ou plus ou moins substituables.
Par exemple, en milieu industriel, certaines entreprises doivent faire appel à un grand nombre de prestataires pour fabriquer une pièce. Le risque auquel elles sont exposées se trouve démultiplié sur ces acteurs.
À l’inverse, si seulement quelques fournisseurs sont en mesure de produire la pièce indispensable à la fabrication de votre marchandise, vous êtes face à un risque majeur en cas de défaillance de l’un d’eux.
Troisième étape : établir le PCA
Une fois ce travail d'inventaire et de priorisation réalisé, le plan d’actions adapté peut être établi. Il va modéliser un fonctionnement destiné à assurer la continuité de chacune des activités considérées comme prioritaires, et lister les ressources nécessaires. Le Plan de continuité d'activité entre ainsi dans les enjeux opérationnels de l’entreprise.
Cette démarche peut ensuite s’accompagner de mesures de prévention. Et elle doit être poursuivie dans la durée. Au-delà de 12 mois après la construction d’un PCA, votre entreprise aura certainement évolué et les réponses apportées seront devenues caduques.
Un tel plan se bâtit dans un cadre et des conditions définis. Cela signifie que votre réflexion doit être renouvelée régulièrement pour assurer sa validité. Autre atout essentiel de ce travail mené dans la continuité : instaurer une culture d’analyse et de gestion des risques. Elle viendra infuser l’ensemble des décisions prises par les collaborateurs de l’entreprise. À terme, c’est toute la résilience de l’entreprise qui s’en trouve améliorée.
« Cette phase d’entretien du PCA passe par des exercices pour mettre à jour l’analyse des impacts et des risques. Cela permet aux équipes de vérifier régulièrement la pertinence des procédures », conclut Dominique Le Chevallier.
* La supply chain recouvre la conception, la fabrication et la livraison du bon produit au bon emplacement, au bon moment et au bon prix (Définition de l’ASLOG, le 1er réseau français des professionnels de la supply chain)